Initialement développé au sein des Parc Naturels Régionaux, le concept d’écomusée s’élargit, notamment à la suite de l’expérience du Creusot. L’écomusée du Val de Bièvre dans la ville de Fresnes, banlieue sud de Paris, est le deuxième écomusée à s’implanter en zone urbaine après celui du Creusot. L’idée de cet écomusée émerge en 1976 lorsque la ville de Fresnes envisage d’acheter une ancienne ferme seigneuriale vouée à la démolition. Sur les conseils de Georges Henri Rivière, Françoise Wasserman, une de ses anciennes élèves, est recrutée pour réaliser l’étude de faisabilité puis l’avant programme de l’écomusée. Il est finalisé en novembre 1978 et propose un musée qui s’appuie entre autre sur les structures fresnoises préexistantes et qui fonctionne comme un centre de développement culturel et d’animation en plus de ses missions proprement muséographiques. Georges Henri Rivière en conseille l’élaboration comme nous le montre ci-dessous l’extrait de l’avant-programme de l’écomusée ainsi que la correspondance qu’il entretenait avec Françoise Wasserman et Raymond Pujol, fondateur de l’écomusée.
Le premier espace officiellement dédié à l’écomusée ouvre en 1979. C’est un centre de ressources sur l’histoire locale et un lieu de collecte du patrimoine sonore du territoire. Dès l’origine et en accord avec les principes de GHR, l’écomusée s’engage en profondeur dans une approche participative et travaille en relation avec les habitants dans une démarche patrimoniale consacrée aux témoins ruraux et naturels. Les photographies ci-dessous nous montrent les inaugurations et visites des première expositions réalisées à l’écomusée ; « l’enfant et l’école, hier et aujourd’hui » en 1979 et « des hommes et des grenouilles » en 1982. Mais également les premières enquêtes ethnologiques auprès de témoins oraux.
@collection écomusée Val de Bièvre

Il faut attendre 1984, pour que soit inauguré le siège de l’écomusée dans la ferme de Cottinville qui continue alors à faire participer la population fresnoise de façon concrète à toutes les phases du travail de l’écomusée, de la collecte à la présentation. Dans les années 1990, l’écomusée adopte une approche plus contemporaine dans le traitement des thématiques locales, et donne notamment la parole « aux minorités, aux exclus de l’histoire et des musées ». L’approche du contemporain ainsi que les thématiques liées à la banlieue apparaissent, situant ainsi très clairement l’écomusée dans les démarches innovantes de la nouvelle muséologie.
Articles de presse et visite des élus à la ferme en 1977 @ collection écomusée Val de Bièvre



A partir de 2000, l’écomusée va plus loin dans la participation des habitants en engageant sa première « collecte participative », Vos objets au musée. Les Fresnois sont invités à donner ou prêter au musée des objets dont ils pensent qu’il serait important de les monter à leurs petits-enfants pour leur parler de la ville. Il s’agit aussi de récolter « du sens » via un entretien avec les personnes qui explique leurs choix. Renouant avec les principes des écomusées établis par GHR, cette action participative a montré l’importance du rôle des habitants et a mis en lumière la nécessité pratique et éthique de l’implication des habitants, en relation avec les professionnels, ceux-ci n’étant plus les seuls décideurs de la validité patrimoniale.


L’opération a eu des répercussions importantes sur la politique de l’écomusée qui décide aujourd’hui d’aller au-delà de cette expérience et d’envisager de constituer une collection dite écomuséale, c’est-à-dire une collection qui ne serait pas « privatisée » par le musée mais serait détenue par les habitants eux-mêmes. Cette collection serait, elle aussi choisie par les habitants.